Transe de papier de Lo’Jo
Lo’Jo, c’est une longue histoire. Une dizaine d’années sur une place d’Angers, un concert toutes voiles dehors et les esgourdes en partance, sans prévenir, sans billet et sans escale. Illico, un monde s’est ouvert : celui des horizons lointains. Jamais totalement revenue. Transe de papier : un album enivrant.
Voilà plus de 30 ans que Lo’Jo et son apostrophe aérienne nous envoyagent et c’est toujours aussi bon. Après tout ce temps droit-debout et chantant aux quatre horizons, après tous ces albums sans sortie de route tout en empruntant les contre-allées, Lo’Jo nomadise toujours aussi magnifiquement. Et nous de les suivre partout, dans ce joyeux brassage, en un ravissement volontaire.
« Transe de papier » prouve, s’il le fallait (et j’ai bien peur qu’il le faille encore et toujours), que la poésie peut beaucoup. Celle de Lo’Jo résonne fort, encore une fois. La face A nous transporte loin, à plusieurs endroits à la fois — car ce groupe a le don d’ubiquité communicative —, alors que la face B se fait plus feutrée, plus sombre aussi. Comme un retour chez soi (en soi), mais en laissant tout de même le monde pénétrer dans la demeure. Et les invités, Robert Wyatt et Tony Allen, sont lumineux.
À tant sillonner, on gravera tout dans notre giron : Le Loir gaulois et l’English touch, le petit Liré et les effluves sonores d’Afrique du Nord, les légendes créoles, Séoul et la Hongrie, « le lys et le jasmin », comme autant de pulsations du monde rendues par des chants magnétiques.
En concert, Lo’Jo est d’une puissance inouïe, faisant vibrer chacune de nos cordes sensibles. Et s’il continue ainsi à dévoiler toute son humanitude, il est fort à parier qu’au prochain concert, j’en tremblerai encore.