Attention, il s’agit de ne pas confondre ce court essai avec Le Vrai goût des tomates mûres de Patrick Sébastien.

Le Goût du vrai : le livre qui fait du bien en temps de pandémie et de fake news virales
Ceci étant posé, voilà un texte sensé, pondéré, qui tombe à point nommé en ces temps de pandémie, mais aussi de mauvaise foi, de surenchères médiatiques, d’avis tranchés reposant sur une mer de vacuité, de délires complotistes et autres contradicteurs perpétuels par principe qui seront toujours vent debout peu importe ce qui leur fera face.
Qu’ils s’occupent de littérature, de philosophie ou de mathématiques, j’aime les esprits scientifiques : nets, précis, sans fioritures, sans emphase. Et celui d’Étienne Klein est particulièrement brillant et ne manque pas d’humour.
Ce physicien et écrivain pratique la punchline, brocarde savamment — en témoigne le développement sur Trump qui en ressort habillé pour l’hiver — et pose un regard aiguisé sur l’étrange époque que nous vivons. Ce texte est aussi bref que percutant, aussi clair qu’incisif.
« Aujourd’hui, la tendance à avoir un avis non éclairé sur tout, et à le répandre largement, me semble gagner en puissance »
La science pour lutter contre nos biais cognitifs
Nietzsche l’avait prédit dans Humain, trop humain : « le goût du vrai va disparaître au fur et à mesure qu’il garantira moins de plaisir ». Klein décrit ce biais cognitif qui consiste à nous pousser à croire aux thèses qui nous font plaisir et non à celles qui sont exactes. De surcroît, il nous explique qu’une confusion s’opère dans les esprits
« par le fait que circulent dans les mêmes canaux de communication des éléments appartenant à des registres très différents : connaissances, croyances, informations, opinions, commentaires, fake news… ».
Et cette confusion n’est pas souhaitable, car si le doute est démocratique, il est certaines vérités qu’il serait dangereux et absurde de récuser. Le relativisme à ses limites. Le consensus intellectuel aboutissant à des connaissances scientifiques s’acquiert par un long processus fait de débats contradictoires, de tentatives de réfutation et de méthode critique. Il est évident que ce long chemin est en tout point opposé à une opinion que l’on pourrait sortir du chapeau. Nos préjugés et nos intuitions ne jouent pas dans la même cour.
Mais en bon scientifique qu’il est, l’auteur n’oublie pas de soumettre également la communauté scientifique dont il fait partie à l’examen critique. Ainsi, s’interroge-t-il sur l’échec de la science à se faire attirante, plaisante.
Gageons tout de même qu’avec un style et un esprit comme celui d’Étienne Klein, les voies d’accès aux connaissances scientifiques pourraient devenir aussi aisées qu’engageantes.
Le Goût du vrai d’Étienne Klein, collection « Tracts », éditions Gallimard.