J’avais bien dans l’idée d’en faire une chronique et puis, je me suis mise à écouter la bande-son du livre, ce qui m’a menée à ma bande-son perso (la lambada des Garçons Bouchers — monte le son mémé ! — les Ludwig Von à 14 ans, Los Carayos dans l’escalier, Les Bérus à 20 ans, tous les matins avant de partir bosser…), alors du coup, je vais vous livrer mes notes en vrac parce que Requiem pour un keupon, je l’ai dévoré, mais là, j’ai pas fini d’écouter la B.O.

On y suit Bruno, de sa découverte de l’émeute punk (oui parce que mouvement ça fait symphonie de Beethoven, vous trouvez pas ?) lors du concert des Clash au Bataclan en 77, jusqu’à l’autodestruction des Bérus à l’Olympia douze ans plus tard.
« À partir de ce pogo, la soirée était complètement partie en couille. »
Voilà, on y est. Ce livre est une percutante plongée dans l’époque (dont je n’ai pu entr’apercevoir que de molles répliques, entendons-nous bien) : celle des vinyles, des disquaires, des fanzines bricolés et photocopiés, des compils sur cassettes customisées, des rades enfumés, des concerts où le spectacle était autant sur scène que dans le public, des pogos, de la bière à gogo, des relous défoncés de même pas fin de soirée (collants comme la bière sous les pompes), celle de la démerde, des excursions nocturnes à battre le pavé à la recherche de LA soirée, des plans foireux, des caves péraves, de la contre-culture, celle des jours et des nuits à transpirer la musique par tous les pores.
« Le punk, c’était une marge. […] Une sorte d’asile de gueudins à ciel ouvert […] »
Ce récit nous mène jusqu’aux limites du programmatique, mais ô combien difficile à tenir « no future ». Pas de jugement ni d’autopsie de la part de l’auteur qui nous livre, avec efficacité et humour, une photographie romancée de douze années nerveuses, ingénieuses et tapageuses. Voici une belle manière — la plus directe — de célébrer le punk et d’en retrouver sa substantifique moelle.
Ah ! et grâce à Requiem pour un keupon, je me suis rappelée cette étrange coutume punk consistant à se cracher dessus. C’était bien avant le Covid, mais quand même…
Allez, monte le son !